Anonymes ou Superstars : qui crée la performance collective ?

Anonymes ou Superstars : qui crée la performance collective ?

Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer le pouvoir de la confiance et du lien entre des collaborateurs lambdas produit plus de résultat que l’utilisation de superstars, d’experts. Les uns cherchent à collaborer, à demander et donner avec une posture « d’apprenant ». Les autres, avec une posture de « sachant », cherchent à anéantir leurs concurrents qui pourraient remettre en cause leur image, leur pouvoir, et ce au détriment du résultat collectif.

Une expérience faite sur des poules par le biologiste de l'évolution de l'Université de Purdue, William Muir illustre bien ces propos. Il s'intéressait à la productivité, et pour ce faire il a étudié les poules. C’est facile…il suffit de compter les œufs pour mesurer le résultat !

Il sélectionna un groupe moyen et le laissa tranquille pendant six générations. Il créa ensuite un second groupe avec les poules les plus productives, qu'on pourrait appeler les Super-Poules, et il a formé un Super-Groupe. A chaque génération, il sélectionnait les plus productives pour la reproduction.

Après six générations,  dans le premier groupe, les poules moyennes allaient très bien et la production avait cru de 160%.

Dans le deuxième groupe, toutes sauf trois étaient mortes. Elles avaient picoré les autres à mort et avaient réussi simplement parce qu'elles avaient réduit la productivité des autres.

Une autre étude du MIT vient enrichir les conclusions de cette expérience en confirmant que les groupes les plus performants sont ceux qui disposent d’une capacité à générer de la connectivité sociale entre leurs membres, à créer du lien et non ceux qui disposent des Q I les plus élevés.

Une première conclusion pourrait être de poser pour principe que la coopération est plus productive de résultat et de bien-être que le pouvoir de l’expertise. Néanmoins coopération et expertise sont-elles antinomiques dans le monde de l’entreprise?

Coopération et superstars

Les approches du mouvement MAUSS soutenues par Norbert ALTER, et d’autres comme Jean-Edouard GRESY et Alain CAILLE qui dans leur livre « la révolution du don » démontrent que la confiance se crée par le lien dans la durée, avec la logique du don et du contre don. Donner comme marque de confiance, recevoir avec gratitude et, rendre de bon cœur et non pour solder un don, demande du temps pour que la crédibilité des actes se cristallise et se transforme en confiance. Il me semble que dans les organisations, nos superstars sont considérées comme les seules personnes à pouvoir décider et agir avec efficacité et que le temps nécessaire pour créer de la confiance a été remplacé par des processus et des standards pour s’en affranchir. Ainsi il devient soit disant possible de changer un manager tous les ans sans perturber l’organisation. Le standard formalise la meilleure façon de faire et considère que de cette manière les inimitiés, égocentrismes, perturbations personnelles, …sont sans impact sur la productivité et le résultat obtenu.

J’ai souvenir d’un directeur commercial nouvellement promu qui annonçait dans sa réunion de bienvenue à ses équipes (150 personnes) que les « mauvais on allait les virer » et que s’il les rencontrait dans le couloir et qu’il leur demandait « comment ça va » ce n’était pas d’eux qu’il parlait mais qu’il voulait savoir combien de M€ de commandes ils avaient rentrés ! Je me souviens des réactions des plus anciens qui murmuraient « qu’est-ce qu’il imagine c’est le 15ème directeur qu’on voit passer et dans 2 ans il ne sera plus là. S’il croît nous faire peur, c’est râté ».

Alors la question qui me semble importante n’est pas si coopération et superstars sont antinomiques mais si les modes de fonctionnement d’une organisation et les managers qui sont censés les utiliser favorisent la coopération, la confiance et accordent suffisamment de temps pour faire en sorte que ce ne soient pas les briques qui soient les plus importantes, mais plutôt le mortier qui permet de solidifier le mur comme l’affirme MagaretHEFFERMAN(https://www.ted.com/talks/margaret_heffernan_why_it_s_time_to_forget_the_pecking_order_at_work).

Dans un prochain article j’apporterai un éclairage à cette question.

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