A l’heure où l’on parle de plus en plus d’engagement, de sens, de réalisation de soi, où le modèle des entreprises dites libérées fait rêver, ces propos reflètent-ils bien la réalité de ce qu’attendent les salariés dans leur ensemble ?
L’histoire que j’ai vécue ces jours derniers soulève cette interrogation.
Par chance, la semaine dernière j’arrive à prendre le train un jour de grève pour me rendre à Paris. A peine entré dans le train, j’entends des sifflets, des coups de corne de brume, et je vois soudainement une foule de grévistes envahir le wagon avec leur drapeau syndical, des banderoles et des bouteilles de bière!
L’ambiance semble plutôt conviviale et festive. Malgré un fort brouhaha, j’arrive à percevoir la discussion d’un groupe de cheminots derrière moi.
Ils échangent sur les raisons de cette grève et sur leur embauche à la SNCF. La plupart disent qu’ils travaillaient avant dans le privé où ils gagnaient plus.
Les raisons qui ont fait qu’ils ont quitté leurs anciens emplois ne sont pas très explicites mais toutefois ils insistent sur le fait qu’ils ont accepté de gagner moins en échange des avantages qu’on leur a vendu et qui ont servi d’arguments de vente. Ces avantages sont un travail garanti à vie, la retraite à 57 ans et 6h de travail par jour payé 8h. Je n’ai pas cherché à vérifier l’exactitude de ces propos mais ce contexte fait qu’ils vivent comme une trahison un possible retour au privé ou une possible remise en cause de ces acquis.
Pour aucun, il n’est question de quitter l’entreprise pour retourner au privé même si tous font le constat que, ces dernières années, leur salaire n’a pas augmenté et qu’un ensemble de primes peu élevées, attribuées à des activités et types de postes viennent constituer un salaire « aléatoire et déguisé».
Tous revendiquent un intérêt réduit, voire décroissant pour leur travail. Alors des avantages acquis qui assurent une certaine sécurité seraient-ils plus puissants que les leviers de motivation intrinsèques développés dans les entreprises libérées ?
Il me semble que derrière les propos de ces quelques personnes ce soit l’essence même de ce mouvement de grève qui est révélée, à savoir la peur de perdre ce qui avait été promis.
Ceci fait sourdre d’une manière éclatante, l’importance de la confiance dans l’engagement, dans le management, ...
Lorsqu’on n’a plus confiance dans une personne, dans une organisation, dans un avenir, on cherche d’abord à sécuriser ce qu’on possède et à se battre pour s’engager totalement avant de chercher d’autres alternatives de substitution et de pouvoir.
Finalement ce qu’il y a de commun entre la grève à la SNCF et le fonctionnement des entreprises libérées, c’est l’importance de la recherche de la confiance dans les organisations pour fédérer un engagement positif et en cela c’est un combat quotidien !